Mon principal m'a demandé un bilan de mon voyage avec mes latinistes pour le présenter au conseil d'administration.
Le voici... Le titre "de via" peut se traduire par "à propos du voyage".
DE VIA
Ce
dessein m’est venu en plein cœur de l’automne,
Je
voulais éclaircir le regard monotone
De ces
enfants éteints qui peuplent le collège
Et rendre
leur pensée plus pure que la neige.
Il
fallait que le songe, à portée de leur main,
Devienne
plus concret, et dès le lendemain
Je leur
ai promis Rome, à qui nul ne résiste,
J’ai
promis Pompéi et son destin si triste,
J’ai
promis le Vésuve et son âme de feu,
J’ai
promis l’aventure et quelque instant fougueux.
Ils m’ont
suivie alors, je les en remercie,
Ce voyage
avec eux pour moi n’a pas de prix.
(Il en a
un pourtant pour leur mère, leur père
Et pour
la gestionnaire à la poigne de fer…)
Dès lors
que j’atteignis la cité éternelle,
Mon cœur
s’est demandé : « que ferais-je sans ailes ? »
Et j’ai
vu dans les traits de mes très chers élèves
L’émotion
partagée et le début du rêve…
Ils ont
foulé le sol des généraux vainqueurs,
De la via
sacra que les triomphateurs
Foulèrent
mille fois dans les éclats de voix
De ce
peuple romain qui imposa sa loi
A
l’univers entier, du moins le croyait-il…
Ils ont
vu la villa où s’écoule le Nil
Qu’Hadrien
fit construire afin qu’on se souvienne
De son
amant noyé dans les eaux égyptiennes.
Ils ont
frémi au fond de la cité maudite
Que le
volcan furieux sans pitié a détruite…
Quant à
moi, j’ai pu voir, c’était le jour dernier,
Un
exemple parfait de solidarité :
L’un des
enfants avait perdu un sac entier
Rempli de
souvenirs pour ses proches achetés.
Il
pleurait fort, meurtri, les yeux rougis de larmes,
Et ses camarades
comprirent ses alarmes :
Ils se
sont cotisés. Il retrouva alors
Ce qu’il
avait perdu et même plus encore.
Ce
périple était bien une aventure humaine,
Et non un
défilé de monuments pérennes
Qui ne
semblent exister qu’au milieu des nuages…
Devrais-je
plus m’étendre et lister davantage
Tous les
lieux, tous les vœux
Que j’ai
vus dans leurs yeux ?
Car
l’histoire a pris forme au-delà des fantômes
Des rues
de Pompéi et des beautés de Rome,
Ces
souvenirs en eux sont gravés pour toujours,
Ils les
évoqueront comme leurs plus beaux jours.
Que
reste-t-il, c’est vrai, de ce qu’on
nomme école ?
A part
ces chers moments où notre âme décolle
A travers
un voyage où, libre des parents,
On se
cherche soi-même, on se trouve en rêvant,
Quand
l’Ecole nous tend ce que la Vie refuse ?
Les espoirs
les plus fous sont aussi ceux qui usent…
Mais
quand l’un d’eux prend vie aux abords de l’été,
Il
acquiert en un coup un goût d’éternité.
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