dimanche 28 juin 2015

De via


Mon principal m'a demandé un bilan de mon voyage avec mes latinistes pour le présenter au conseil d'administration.
Le voici... Le titre "de via" peut se traduire par "à propos du voyage".

DE VIA
 
 
Ce dessein m’est venu en plein cœur de l’automne,
Je voulais éclaircir le regard monotone
De ces enfants éteints qui peuplent le collège
Et rendre leur pensée plus pure que la neige.
Il fallait que le songe, à portée de leur main,
Devienne plus concret, et dès le lendemain
Je leur ai promis Rome, à qui nul ne résiste,
J’ai promis Pompéi et son destin si triste,
J’ai promis le Vésuve et son âme de feu,
J’ai promis l’aventure et quelque instant fougueux.

Ils m’ont suivie alors, je les en remercie,
Ce voyage avec eux pour moi n’a pas de prix.
(Il en a un pourtant pour leur mère, leur père
Et pour la gestionnaire à la poigne de fer…)
Dès lors que j’atteignis la cité éternelle,
Mon cœur s’est demandé : « que ferais-je sans ailes ? »
Et j’ai vu dans les traits de mes très chers élèves
L’émotion partagée et le début du rêve…

Ils ont foulé le sol des généraux vainqueurs,
De la via sacra que les triomphateurs
Foulèrent mille fois dans les éclats de voix
De ce peuple romain qui imposa sa loi
A l’univers entier, du moins le croyait-il…
Ils ont vu la villa où s’écoule le Nil
Qu’Hadrien fit construire afin qu’on se souvienne
De son amant noyé dans les eaux égyptiennes.
Ils ont frémi au fond de la cité maudite
Que le volcan furieux sans pitié a détruite…
Quant à moi, j’ai pu voir, c’était le jour dernier,
Un exemple parfait de solidarité :
L’un des enfants avait perdu un sac entier
Rempli de souvenirs pour ses proches achetés.
Il pleurait fort, meurtri, les yeux rougis de larmes,
Et ses camarades comprirent ses alarmes :
Ils se sont cotisés. Il retrouva alors
Ce qu’il avait perdu et même plus encore.
Ce périple était bien une aventure humaine,
Et non un défilé de monuments pérennes
Qui ne semblent exister qu’au milieu des nuages…
Devrais-je plus m’étendre et lister davantage
Tous les lieux, tous les vœux
Que j’ai vus dans leurs yeux ?

Car l’histoire a pris forme au-delà des fantômes
Des rues de Pompéi et des beautés de Rome,
Ces souvenirs en eux sont gravés pour toujours,
Ils les évoqueront comme leurs plus beaux jours.
Que reste-t-il, c’est vrai, de ce qu’on  nomme école ?
A part ces chers moments où notre âme décolle
A travers un voyage où, libre des parents,
On se cherche soi-même, on se trouve en rêvant,
Quand l’Ecole nous tend ce que la Vie refuse ?
Les espoirs les plus fous sont aussi ceux qui usent…
Mais quand l’un d’eux prend vie aux abords de l’été,
Il acquiert en un coup un goût d’éternité.
 

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